Contre-la-montre nocturne

Tomoko, chaussée de ses tongues pour le voyage, et Ichisu arrivèrent devant la Piste Cyclable, essoufflés. Ils venaient de semer la grosse et puante vendeuse de Météopolis, sans avoir pu apprécier une dernière fois la grande ville. Désormais, ils se dirigeaient vers Mercury, lieu où réside une arène, et peut-être la premier badge des deux dresseurs en cas de victoire. Le soleil allait bientôt se coucher.

- Tu es prêt Ichisu ? s'enquit Tomoko.

Puis elle sortit son Gruikui pour qu'il profite lui aussi de ce voyage grisant.

- Tu vas en profiter toi aussi. Nous n'avons pas passer beaucoup de temps ensemble, j'espère que tu ne m'en veux pas ?
- Gruiiiiiii' (Noooooooon ~ ♥)
- Allons-y, maintenant !

Tomoko se mit alors à pédaler, rapidement accompagnée par Ichisu.

- Au fait... Tomoko, que feras-tu si jamais tu deviens Maître de la Ligue ?

Voilà une question pertinente de la part du jeune homme. Tomoko hésita un court moment, comme gênée de sa réponse, puis lâcha finalement le morceau.

- Avec les moyens mis à ma disposition, je pourrais faire venir le roi de ma région natale, encore monarchique. Bien entendu, riche comme il l'est, il pourrait faire le déplacement seul, mais je dois avoir une bonne raison. Et devenir Maître de la Ligue Pokémon d'une région inconnue pour lui est une bonne raison.

Tomoko fit une courte pause, avant de reprendre :

- Et puis, mes parents aussi, je voudrais qu'ils viennent le plus rapidement possible... dit Tomoko, sans même terminer sa phrase. Et toi ? que feras-tu si c'est toi qui remporte le tournoi ? s'enquit-elle, un large sourire sur le visage.
- Gruikui ?! (Qu'est-ce qu'il regarde les cheveux de ma belle Tomoko lui ?! è.é)

- Tu sais, le titre de Maître de la Ligue ne m'intéresse pas, tout ce que je veux, c'est faire ce voyage avec mes Pokémon, et profiter au maximum avant de...

Ichisu s'arrêta soudainement de parler. Tomoko lui demanda donc de finir sa phrase, gentiment refusée. La jeune demoiselle s'arrêta brusquement, posant son vélo au sol puis fit un chignon énorme dans ses cheveux.

- On dirait pas, mais je sais me battre, annonça Tomoko, les poings en avant. Alors termine ta phrase, sinon c'est que je ne suis pas une personne de confiance pour toi, je me trompe ? Ichisu, regarde-moi dans les yeux.

Un moment de silence s'installa.

- Même si cela fait moins d'un jour que l'on se connait, je te considère comme mon meilleur ami. En te proposant de m'accompagner jusqu'au bout de notre quête, c'était une preuve de respect. Si ce que tu as sur le coeur est difficile, je peux le comprendre, mais dis-le moi quand même. Je ne suis pas là pour juger...

Une légère brise de vent souffla alors, soulevant la frange de Tomoko, dévoilant plus amplement son teint pâle.

- J'ai eu un passé difficile également, et aujourd'hui encore, il me suit, avoua Tomoko d'une voix chevrotante. C'est en te choisissant comme compagnon de route que j'ai désiré progresser pour qu'il me lâche. Alors je le répète une dernière fois, Ichisu... De quoi as-tu peur, au point de vouloir en profiter un maximum ?
- Grui'... ? (Maîtresse... ?)

Les secondes passèrent et durèrent ce qu'il semblait être une éternité.

- 'Kui... (Okay, je vais me faire tout petit moi... ._.)

- En fait, j'ai fait ce voyage à une condition : mes parents veulent que je reprenne leur entreprise après ça. C'est pour ça, que je veux profiter au maximum de ces moment-là.

Tomoko dressera alors les poings, en se remettant bien droite, baissant également le visage.

- Je suis désolée. Je pensais t'aider en évacuant cette peur qui n'en était pas une. J'ai voulu bien faire. D'habitude, mes "amis" me voient comme exeptionnelle, alors que je ne lui suis pas. Regarde-toi, tu as dix-sept ans et bientôt tu seras à la tête d'une entreprise. Moi je ne rêve que de faire venir un roi à Artys...

Soudain, Tomoko releva le visage et fixa Ichisu.

- Arrête-moi si je me trompe, mais tu ne désires pas reprendre cette entreprise non ? Et si c'est bien le cas, qu'est-ce qui t'empêche de refuser cette proposition ?

- Tu sais je trouve ton rêve très louable.
- En fait, il n'y a pas grand chose de louable dans ce que je fais. C'est seulement par intérêt personnel...

Tomoko demanda si Ichisu désirait de cette entreprise.

- Ce n'est pas que je ne désire pas, je pense ne pas en avoir l'étoffe. Mais j'ai énormément de respect envers mes parents, répondit le jeune homme.
- Je comprends parfaitement... Ce respect pour tes parents, c'est magnifique. Si tu les renies, jamais tu ne pourras t'accrocher à une base solide. Mais comme tu t'en doutes, je suis désormais là, moi aussi, annonça Tomoko en souriant.

Le Gruikui se sentit alors plus heureux.

- Gruikui. (Mon Dieu, j'ai cru qu'elle allait le tuer un instant. i_i)

Tomoko fut soudainement attiré par son panda dans les cheveux, et lui murmura quelques mots.

- *Shen... Tu sais que pour papa et maman, je suis capable de tout. Mais cette Ligue est une façon honorable de les faire venir jusqu'ici, sans pour autant blesser notre roi.*
- Gruikui ? (Que faîtes-vous maîtresse ?)
- Oh ! Kokoro... nous ferions bien d'y aller maintenant. Nous avons perdu beaucoup de temps à discuter ici, non ?

Tomoko se retourna vers Ichisu, quelque peu laissé à l'écart pendant son "monologue".

- Et bien, continuo...

Soudain, Ichisu fut coupé par un un son sortant tout droit de sa poche. Il en extrait un téléphone portable, sur lequel il venait de recevoir un message. Sa mine se déconfit au fur et à mesure qu'il relut le texte.

- Non... soupira-t-il, attirant le regard de Tomoko.

Ichisu annonça alors, avec une tristesse palpable dans la voix, qu'il devait les quitter. Après quoi il rebroussa chemin, accompagné par ses deux Pokémon qui restèrent sous le choc d'une telle décision.

- Ichisu, attends ! s'exclama Tomoko. Où vas-tu ? Mercury n'est pas dans cette direction, ajouta-t-elle effrayée, sachant que le jeune homme ne se trompait pas de sens.

Ichisu ne se retourna pas, mais répondit tout même :

- Je ne peux plus continuer, je dois retourner à Météopolis... Chez moi...

Il se retourna finalement pour ajouter :

- ... Je suis désolé...

Ichisu partit finalement. Encore sous le choc, Tomoko l'appela tout de même au loin.

- Ichisuuu ! On se reverra, je te le promets, et on ira ensemble à la Ligue Pokémon !

Après quoi Tomoko s'effondra de tristesse, les genoux au sol.


- Gruikui ! (Allez, il faut partir maintenant !)
- Je n'ai rien fait pour qu'il reste, et maintenant je le pleure. Je suis d'une faiblesse effrayante. Je suis sûre qu'il est parti parce que j'ai été mauvaise avec lui. Mes parents, mes amis et mon peuple auraient honte de moi s'ils me voyaient.

Une fine pluie commença à tomber sur la Piste Cyclable.

- Merci Shen. Déverserais-tu ta colère sur moi ?

Au loin, un jeune dresseur en vélo arriva et s'arrêta prêt de Tomoko.

- Vous êtes tombée, mademoiselle ?
- Non, répondit sèchement la jeune femme.
- Un peu d'aide ?
- Non, et veuillez me laisser, merci.

Vexé, le cycliste partit sans rien dire.

- Gruikuiiiiiii ! (Viiiiiiite, sinon il va pleuvoir !)

Dans les buissons situés à côté de la piste, une ombre bougeait, tandis que la nuit s'installait confortablement dans les cieux.

Un rictus se dessina sur le visage de Kokoro.

- Gruikui... (On ne touche pas ma bien-aimée, pauvre fou...)

Le Gruikui fut sauvagement emporté par Tomoko qui sauta sur sa bicyclette.

- On y vaaaa ! s'écria la jeune demoiselle.

Il faisait désormais nuit noire, mais la route était éclairée par des rangées de lampadaires.

Une voix grave mais loin d'être suave se fit entendre dans l'épaisse couche nocturne de la nuit. Elle semblait être destinée à Tomoko, pas très bien vêtie pour trainer seule la nuit...

- Wesh, cousine, tu viens sur mon vélo ?

Tomoko freina brusquement, et fixa le loubard de son regard noir.

- C'est moi que tu as appellée "cousine" ? s'enquit-elle d'un ton assez froid.
- Gruikui, grui' ! (Il est fou ce barbu, je vais lui péter ses dents mademoiselle Tomoko !)
- On m'appelle mademoiselle, c'est compris le jeunot ? ajouta sèchement Tomoko.

Tomoko descendit de son vélo et se dirigea vers le loubard, collant presque son visage au sien.

- Y'a pas de souci mon petit... Un contre un, en une manche ça te va le gros en manque d'amis ?
- Gruikui... (Elle est pas cool là...)
- J'ai eu un récent coup dur... ça va me permettre de t'exploser la face et de me défouler, même si c'est pas dans mes habitudes.

- Parce que tu crois que tu as une chance ?! Scalpion go !

Un guerrier de fer apparut, apparemment assez fort.